Yaoundé – Mai 2025
La nomination de Nathalie Moudiki au poste de contrôleur général de la Société Nationale des Hydrocarbures (SNH) a déclenché une onde de choc médiatique et politique. Présentée hâtivement par certains comme un cas de népotisme, cette nomination mérite pourtant un examen plus rigoureux — car elle pourrait bien symboliser un tournant historique pour la gouvernance camerounaise et la place des femmes dans les hautes sphères économiques.
Un poste stratégique, longtemps verrouillé
Dans l’univers discret mais stratégique des hydrocarbures camerounais, peu de femmes ont accédé à des fonctions de contrôle ou de direction. Nathalie Moudiki, épouse du directeur général Adolphe Moudiki, brise ce plafond de verre en accédant à l’une des fonctions les plus sensibles du secteur : celle qui examine, audite, et recommande.
Mais au-delà du symbole, c’est sa méthode de travail qui interpelle.
Une approche rigoureuse, bien plus stricte que par le passé
Des cadres de la SNH, ainsi que des sources proches du ministère des Finances, confirment que les procédures de contrôle ont connu un durcissement notable depuis son entrée en fonction. Due diligence, exigence documentaire, évaluation des partenaires, traçabilité financière — tout est passé au crible.
« Ce n’est pas une vitrine, c’est une technicienne précise, méthodique, et sans indulgence », confie un auditeur interne.
Autrement dit : on n’avait jamais vu un tel niveau d’exigence sous les précédents responsables du contrôle interne.
Une polémique instrumentalisée ?
Certains observateurs suggèrent que les critiques sur le lien familial masquent mal les résistances internes à un changement de culture. Plusieurs dossiers auraient été bloqués ou revus à la baisse, suscitant l’ire de certains bénéficiaires d’un système plus tolérant auparavant.
De plus, le conflit feutré entre Nathalie Moudiki et Ferdinand Ngoh Ngoh, président du conseil d’administration, semble davantage relever d’une lutte d’influence que d’un débat sur la compétence.
Un symbole pour l’Afrique : rigueur et féminité au pouvoir
Dans une Afrique encore marquée par l’exclusion des femmes des cercles de décision économique, la présence d’une femme camerounaise à un poste de contrôle stratégique dans un secteur pétrolier national devrait susciter admiration et soutien.
À l’heure où la Banque Mondiale et le FMI appellent à renforcer la transparence dans les entreprises publiques africaines, le modèle incarné par Nathalie Moudiki pourrait bien être un précédent vertueux.
Conclusion : au lieu de polémiquer, saluons une avancée
La République gagnerait à se réjouir de voir une femme incarner le retour de la rigueur et de la transparence dans une institution vitale pour l’économie nationale. Derrière le nom, les critiques et les raccourcis, il y a une méthode — et peut-être une révolution silencieuse en marche.